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Une année au Liban
12 février 2011

Voyage, de la Bekaa à Mar Mussa, découvertes et rencontres...

(les photos illustrant cet article se trouvent dans la colonne de droite)

J'ai profité de mes vacances d'entre deux semestres pour voyager un peu. Après un bref séjour à la campagne dans la Bekaa, chez mon amie Thaïs, nous sommes parties toutes les deux en Syrieoù nous avons découvert un peuple chaleureux, des paysages splendides, une culture arabe conservant davantage son caractère qu'au Liban, des souks multicolores, la chaleur d'un vrai hammam etc. J'ai croisé de belles pierres, celle héritées du passé et celle vivantes d'aujourd'hui.

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Hadath Baalbek dans la Bekaa, un village dans un paysage superbe, où Chrétiens et Musulmans habitent plus à côté que vraiment ensemble.

La région de la Bekaa est une longue plaine entre les deux chaînes de montagnes libanaises, le Mont Liban et l'Anti Liban. Elle est connue pour avoir était un fief de l'occupation syrienne jusqu'en 2006, pour être peuplée majoritairement de populations chiites, souvent acquises au Hezbollah (mais pas toutes), et aussi pour ses plantations de drogue. Mais derrière ce tableau pouvant effrayer un Occidental moyen à première vue, se cache surtout des paysages aux couleurs magnifiques, des habitants n'ayant rien perdu de leur hospitalité arabe, et des scènes surprenantes de bergers bédouins à cheval.

Au milieu de ce décor, dans un petit village, se dresse une grande école toute neuve tenue par des soeurs salésiennes et accueillant 800 élèves. C'est là que Thaïs effectue un an de volontariat éducatif. Elle assiste les professeurs, fait partager ses connaissances en langue française et donne de son temps, de son attention, de ses sourires aux enfants. De chaque côté, la rencontre de l'Autre, différent, est enrichissante.

C'est donc à Hadath Baalbek, dans ce lieu calme, que j'ai pu relâcher la pression beyrouthine, respirer un air frais, manger de bons petits plats libanais, assister à une prière en italien et arabe, avoir de longues discussions de filles etc. Je vous partage deux anecdotes.

La première est ma descente dans la petite cour intérieure de l'école, au milieu d'une centaine d'enfants... Un véritable bain de foule! Je n'ai pas pu passer inaperçue et les enfants se sont rués sur moi pour me poser des questions: "Tu es Française?", "comment t'appelles-tu?", "quel âge à tu?", "comment s'appelle ta maman?" (allez comprendre...) etc. Dès qu'une réponse sortait de ma bouche elle faisait le tour de la cour au moyen du téléphone arabe (c'est le cas de le dire!).

La deuxième anecdote concerne une promenade que nous avons faite avec Thaïs dans le village. Au début, nous n'avons croisé que quelques bédouins, nous regardant d'abord avec étonnement puis posant avec fierté devant nos appareils photos. Arrivées devant la mosquée, plusieurs personnes déconcertées nous ont demandé où on allait, ce qu'on faisait. Nos réponses ne les ont pas satisfaites. Elles ne comprenaient pas qu'on puisse marcher pour le plaisir, dans le seul but de s'aérer et faire un peu de sport. Plusieurs nous ont proposées de nous déposer en voiture. Un jeune homme a tenté la conversation et marché un peu avec nous. Mais à un point précis, il s'est arrêté net et n'a pas voulu continuer le chemin, devant la première maison du quartier chrétien en fait. Cela nous a vraiment intriguées. De l'autre côté de la "frontière", des gars, anciens élèves de l'école, nous ont invitées chez eux et, lorsque nous leur avons raconté cela et partagé nos interrogations, ils nous ont clairement dit que le vivre ensemble n'était pas possible car "les musulmans sont méchants, enfin... Pas tous, mais la plupart".

 

J'ai passé deux nuits et une journée chez Thaïs puis, yalla, par un beau matin ensoleillé, nous sommes parties en Syrie. Après un voyage d'un peu plus de deux heures, entre bus, taxi, passage de la frontière et formalité pour les visas, nous sommes arrivées bien saines et sauves à Damas où nous avons tout de suite été plongées dans la langue arabe. Les Syriens parlent beaucoup moins anglais ou français qu'au Liban ce qui m'a donné l'occasion de mettre à profit mon déblocage linguistique et nous fut bien utile! Après avoir posé nos affaires dans un hôtel pas cher mais propre et assez confortable (allez, faisons un peu de pub: le Zahran près de la place Merjeh), nous avons profité de la ville de Damas. Nous étions pleines de motivation pour visiter les principaux monuments de la vieille ville: les madrasas, le palais Azem, la mosquée des Omeyyades etc. Finalement, comment dire... Nous avons été un peu retardées par les souks, leurs couleurs, leur dynamisme, leurs produits typiquement arabes, leurs bas prix... Nous avons visité seulement la mosquée des Omeyyades mais acheté des bijoux, du Kohl, une cafetière, une étole, un keffieh... Et j'en passe! Le froid nous a aussi obligé à faire des haltes pour boire thé à la menthe ou café turque... Voilà, donc nous avons plein d'excuses! Nous avons apprécié la visite de la mosquée des Omeyyades, malgré le froid du marbre dans la cour où nous devions marcher en chaussettes. La salle de prière est un endroit très convivial où les familles et amis se rencontrent, certains prient, d'autres discutent en dégustant des falafels, des enfants jouent etc.

Damas

A Damas

Le lendemain nous avons bravé le froid du désert pour nous rendre à Palmyre, une oasis où les caravanes s'arrêtaient dès le IIIème siècle. Les ruines témoignent de la beauté et la richesse de l'ancienne cité.

Notre troisième jour en Syrie était le meilleur pour chacune de nous. Nous avons commencé la journée par un hammam. Un vrai de vrai! L'établissement datant du XIIème siècle et est fréquenté par des Damascènes qui perpétuent ce rite de beauté traditionnel. La plupart entraient voilées et deux minutes après se promenaient presque nues dans cet espace réservé aux femmes. Bains de vapeurs, douches en versant de l'eau dans des vasques de marbre, gommage au gant de crin réalisé par une femme bien musclée, massage à l'huile par une autre qui te retourne dans tous les sens sur le sol,... Nous avons vécu plus qu'un moment de détente, une inculturation! Nous avons beaucoup apprécié ce moment partagé avec ces femmes syriennes en toute simplicité et même complicité.

Que ce soit devant les ruines de Palmyre ou dans cet ancien hammam, nous avons vécu un émerveillement face à cette ancienne civilisation arabe, si artistique, scientifique, propre et évoluée. Nous imaginions les femmes arabes se laver durant 3 heures, se maquiller avec du Kohl et se parer des magnifiques bijoux vus à Palmyre, alors que nos ancêtres les Gaulois taillaient des hâches et prenaient leur bain mensuel dans la rivière (bien sûr j'exagère un peu, cela n'a rien de très historique).

Après trois heures de bien-être, nous sommes allées à Maloula, un village chrétien accroché à la montagne rocheuse (enfin, il paraît!), à une cinquantaine de kilomètres au nord de Damas. Il paraît que les paysages sont magnifiques mais la brume nous empêchait de voir à plus de deux mètres devant nous! Ce village est l'un des derniers lieux où l'on parle encore l'Araméen, la langue du Christ. Nous nous sommes faites escortées par un chauffeur de taxi qui nous a chanté des chants en araméen, qui ressemble beaucoup à l'arabe mais en plus guttural. Nous nous sommes émerveillées dans une des plus anciennes églises du monde, Saint Serge, et nous avons pris plaisir à goûter le vin fruité fabriqué dans ce lieu. Puis, notre Araméen nous a conduit à une cinquantaine de Km de là, en plein désert, au monastère de Mar Mussa.

Ici commence une autre histoire. Au pied des marches conduisant au monastère niché dans les roches, nous rencontrons Julian et son vélo. Il nous épate: il fait Londres-Katmandou à vélo! Après une ascension éprouvante, nous entrons dans le monastère par une petite porte de l'humilité, d'environ un mètre de haut. Nous découvrirons par la suite que quasiment toutes les portes du monastère sont comme celle-ci, les escaliers partout et les couloirs étroits. Nous découvrons un lieu où viennent faire une pause de jeunes voyageurs du monde entier, avec parfois des projets fous (cf la liste des blogs à suivre dans la colonne de droite qui s'est allongée). Les rencontres sont passionnantes. Je découvre une communauté oecuménique, de moines et moniales, priant dans un rite oriental en arabe (malgré ses origines diverses) et vivant dans la proximité et le dialogue avec leurs voisins musulmans. Je découvre, quand la brume décide enfin de se lever, des paysages désertiques magnifiques. Je découvre une façon de vivre en simplicité, le service de tous pour tous. Je découvre les anciennes fresques d'une église et la beauté du rite syriaque qui y résonne. Je me sens dans la paix et dans la joie. C'est pourquoi, au lieu de rentrer avec Thaïs au Liban après une nuit dans ce lieu, je décide de prolonger mon séjour au monastère de cinq jours. J'ai vécu un très beau temps de rencontres, de repos, de marche dans le désert, de discussions, de service (repas, vaisselles...), de prière.

Mar_Musa

Le monastère de Mar Musa

Et finalement... Quid de la politique en Syrie?

Malgré mes études en science politique et mon intérêt pour le monde arabe, je suis partie en Syrie avec une image un peu effrayante de ce pays. J'étais assez stressée et parano au départ. Je contrôlais toutes mes paroles et imaginait que toutes les personnes que je rencontrais appartenaient à une police secrète. Il est vrai que celle-ci est très importante en Syrie et est surement la cause de l'annulation de la journée de la colère qui était prévue lorsque nous étions là bas. La liberté d'expression n'est pas vraiment respectée. En même temps, j'ai découvert aussi quelques bienfaits d'un état très présent et nationaliste: des infrastructures publics, des services sociaux, des sites touristiques subventionnés, des rues propres, de l'eau potable au robinet mais surtout une culture arabe bien conservée et peu ébréchée par l'occidentalisation du monde.

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Commentaires
P
Je te lis et j'aime beaucoup! Bisous
T
Haaaaa, je l'ai lu!! T'inquiète, j'en ferais un différent ;) Bon article poulette, bon article :D Plein de pensée pour toiiiiiiiiiiiiiiii du fin fond de mon bled. Ça commence à reverdir, ktir 7lo!<br /> <br /> J'ai une idée de prochain article pour toi... "Rando avec Thaïs dans la vallée de la Kadisha", nan???<br /> <br /> Bizouilles<br /> <br /> ps: J'aimerai dédicacer ce commentaire à mon héroïsme lorsque je t'ai secouru face à l'adversité du mauvais temps syrien (je suis prétentieuse , et oui, hum hum)Comment vont tes chaussures, à ce propos? Et tes superbes et magnifiques chaussettes nike?<br /> Ah,et j'oubliais bien sur ce charmant jeune homme super hygiénique qui nous a fait des fallafels ;)Dude, je n'oublierai pas ton fallafel extraordinairement bon et propre!<br /> <br /> Pensées pour toi Paulinette nette nettenenenenentte :)
P
Estelle qui?
E
Et pendant ce temps là !! Pendant que mademoiselle découvre le monde, nous on répétait à Maman de pas s'inquiéter , que t'était surement pas morte, au pire en prison ou enfermée par des terroristes.<br /> <br /> C'est trop super ce que ta vécu, ça donne envie de voyager, j'en ai des fourmis aux jambes j'en peux plus.<br /> <br /> Tu sais quoi? dès que j'ai un mois de libre je vais faire du woofing.<br /> <br /> Et tu sais quoi (bis)? Ta une soeur qui s'appelle Estelle tu te souviens ?? (mouhaha la phrase qui veut tout dire)
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