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Une année au Liban
25 novembre 2010

Going to the South...

Quand Nuna, une des responsables de Tent of Praise, a annoncé une sortie dans le Sud du Liban afin de prier pour la paix, j’ai pensé que c’était une bonne idée. Lorsqu’elle a dit que nous allions près de la frontière avec la Palestine, j’ai trouvé la sortie encore plus intéressante.

Vendredi, lorsque j’ai demandé à Nuna de réserver une place dans le bus pour cette sortie qui aurait lieu lundi 22 novembre, jour de l’indépendance libanaise, elle m’a dit de m’adresser à Russ, un Américain aussi intéressé, car les étrangers ont besoin d’un laissez-passer pour se rendre dans cette zone. Waou ! Cela signifiait que nous allions dans un endroit un peu dangereux et ça rendait le voyage encore plus excitant !

J’ai rencontré Russ samedi matin à l’autre bout de la ville afin que nous nous rendions ensemble au Ministère de la Défense où nous pourrions obtenir ce papier. C'est là que nous avons appris que le ministère de la défense traitant des affaires du sud du Liban se trouve à Saïda, à 45km au Sud de Beyrouth. Je n’avais pas trop prévu ça mais bon, on aime tellement l’aventure ! Nous voilà parti en taxi-service jusqu’au sud de la ville, puis en bus jusqu’à Saïda. On a le temps de faire connaissance et de parler de nos pays respectifs. Apparemment, tous les Américains ne mangent pas à Mc Do tous les jours et il y a des SDF français en France.

A Saïda, nous montons dans le taxi d’un Palestinien. Il nous explique les mauvaises conditions dans lesquelles vivent les siens dans le camp de réfugié de Saïda. C’est pratique de se promener avec quelqu’un qui parle arabe. Nous arrivons au Ministère de la Défense. Ils ont tellement de budget que le bureau se trouve dans un genre de bungalow. Après une traversée de plusieurs bureaux et quelques poignées de mains, nous obtenons un papier large comme un post-it où est écrit à la main trois mots d’arabe et un numéro. Super. Voilà le papier magique qui nous permet d’aller au Sud comme petits protégés de l’Etat libanais.

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La sortie dans le Sud, concrètement, c’est une journée dans un bus. Mais les heures passées à la fenêtre et les arrêts à différents endroits de la frontière valent le coup. Notre petite autorisation nous a bien servie car au check point un soldat est monté dans notre bus et a demandé aux non-Libanais de descendre. C’est spécial mais il faut toujours se souvenir que ce sont nos amis : c’est pour notre protection qu’ils font ça !

Nous avons fait un premier arrêt sur la route qui longe la frontière. Celle-ci est une sorte de barrière électrifiée, comme en Cisjordanie. Elle est longée d’abris militaires. Nous aurions aimé voir des militaires israéliens mais ils sont prudents car l’un d’eux s’est fait tué par balle il y a quelques mois. C’est impressionnant de voir Israël à porté de main, d’être à un mètre du drapeau israélien, et pourtant si loin… Si loin car le passage d’un pays à un autre est impossible. Il y a quelques années, des chiites du village où nous nous trouvions travaillaient en Israël et c’est ainsi que plusieurs habitants de ce village aux couleurs du Amal et du Hezbollah parlent hébreux. La frontière est fermée depuis l’année 2000. Il y a eu des temps où les gens se parlaient à travers le grillage ou envoyaient des pommes de l’autre côté mais les incidents se sont multipliés depuis la guerre Israëlo-Libanaise de 2006 et les Israëliens sont devenus méfiants. A cet endroit, nous prenons un temps pour prier afin que cette frontière puisse être réouverte un jour. Nous rencontrons des casques bleus espagnols, j’essaye de leur parler mais trop de langues tuent la langue ! Les mots me viennent en anglais et même un peu en Libanais ! Les camions et chars de l'ONU passent leur temps à sillonner la frontière, on les croise tous les 50 mètres !

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Après le passage obligé de poses photos (les Libanais adorent poser, vous l’aurez compris ! Même devant le drapeau israélien apparemment !), nous reprenons la route. Si les Libanais cherchent à voir ce qu’il y a de l’autre côté de la frontière, je suis bien plus intéressée par notre côté. Les villes complètement détruites sont peu à peu reconstruites, les rues sont traversées par des tranchées, les tractopelles se croisent, les drapeaux et affiches des financeurs se font concurrence : drapeaux du Qatar, photos de son émir, drapeaux d’Iran, du Hezbollah, et j’en ai même vu un français, trônant au dessus d’affiches du Hezbollah !

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Nous faisons notre deuxième arrêt au jardin de Jérusalem. J’appellerait plutôt ça Iran city personnellement. C’est un jardin assez agréable sur une petit colline offrant un large panorama sur la Terre Sainte. Une arcade aux couleurs et slogans de l’Iran nous accueille. Les habitants de la région se rendent ici en famille pour faire des barbecues dans les cabanes toutes mignonnes installées pour ça. Le logo iranien est inscrit partout. Il y a des petites boîtes qui récoltent des dons pour soutenir la résistance contre Israël. Au centre du jardin, a été construite une réplique de la mosquée du dôme du rocher, lieu religieux sensible de Jérusalem car revendiqué par Juifs et musulmans. C’est mignon cet endroit. Michel me dit en rigolant, "c’est un peu leur Disneyland à eux !".

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Au premier plan, le jardin de Jérusalem avec sa mosquée, ses décorations et des abris pique-nique,

Au second plan, les collines d'Israël avec ses champs ordonnés

Mais la meilleure attraction du lieu c’est le haut promontoire qui permet une vue imprenable sur le pays si mystérieux. Le gars qui gère l’entrée n’est pas très commode. Il faut lui donner 1000 Livres Libanaises (50ct d’€) et il demande à un de mes amis si je suis sa femme, il dit que je suis sa cousine. Je baragouine trois mots en Libanais et ça passe. Là haut, c’est beau. Tout le monde se précipite sur les jumelles pour observer Israël, ses champs bien verts et rangés, ses petites maisons avec jardin, ses arbres feuillus. J’ai toute la place pour regarder l’autre côté qui n’intéresse personne : les collines Libanaises plutôt défrichées, désertes, ses immeubles gris à moitié détruits ou à moitié construits. Je suis amusée à la vue d’un groupe de personnes en car, du côté israélien, en train d’observer le Liban. La curiosité de voir là où il est interdit d’aller est partagée de chaque côté.

Depuis ce lieu, où Ahmadinejad a prononcé son discours il y a quelques semaines, nous prions pour ces terres, pour la paix, pour l’amour entre les peuples.

 

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